Le premier enregistrement d’une œuvre de musique de chambre de Magnard a été réalisé en 1964, grâce à l’impulsion du grand musicologue belge et fervent magnardien Harry Halbreich. Il s’agissait de la Sonate pour violon et piano, par le violoniste canadien Hyman Bress et le pianiste français Olivier Alain. Elle n’a malheureusement jamais été reprise en CD.
Il a fallu attendre 1978 pour que soit enregistrée la Sonate pour violoncelle et piano, par les français James Lyon et Patrice d’Ollone. Elle non plus n’a pas encore bénéficié d’un report en CD.
Les années 1980
Tout s’est alors emballé. L’éditeur Accord a fait enregistrer, entre 1983 et 1989, l’intégrale de la musique de chambre (qui, dans la mesure où l’on y trouvait également toute l’œuvre pour piano, toutes les mélodies, et la Suite dans le style ancien dans sa version pour piano à quatre mains, constituait en réalité l’intégrale des œuvres de Magnard ne faisant pas appel à l’orchestre). Sans citer ici tous les interprètes de cette formidable entreprise (ils le seront dans la page dédiée à cette intégrale), notons tout de même que l’ensemble du projet tourne autour du pianiste Christoph Keller, qui, à l’exception bien entendu du Quatuor à cordes (joué, magnifiquement, par le Quatuor Artis), participe à tous les enregistrements.
Peu d’autres enregistrements de musique de chambre ont été réalisés pendant ces années 1980. Mais il s’agissait d’interprètes d’envergure internationale :
le Quatuor à cordes par le Quatuor Via Nova (1985)
et la Sonate pour violon et piano par Augustin Dumay et Jean-Philippe Collard en 1989.
Et puis, la Sonate pour violoncelle et piano a été très bien servie, avec trois autres enregistrements :
Mark Dobrinsky et Alexandre Rabinovitch en 1980,
Simca Heled et Jonathan Zak en 1985,
et Roland Pidoux et Jean-Claude Pennetier en 1986.
Les années 1990
Elles furent celles du Quintette pour flûte, hautbois, clarinette, basson et piano avec, en quelques années, cinq nouveaux enregistrements, alors que jusque-là seul celui de l’intégrale Accord avait été réalisé :
Emmy Bratschi-Kipfer au piano avec des membres du Bieler Bläserquintett en 1992,
Laurent Martin au piano, Benoît Fromanger à la flûte et le Trio d’anches OZI en 1994,
Renée Lavergne au piano et La Société des Vents de Montréal en 1997,
l’Aura Ensemble en 1997,
et Luiz Fernando Benedini, Christine Nield, Robert Weiner, Margaret Donaghue, et Luciano Magnanini en 1999.
En cette fin du XXe siècle, signalons ensuite deux enregistrements de la Sonate pour violon et piano, tous deux réalisés en 1996 et couplés avec la Sonate de César Franck (couplage assez courant, comme nous le verrons dans la page dédiée aux enregistrements de la Sonate pour violon et piano) :
Emmanuele et Lorenzo Baldini
et Monique Frasca-Colombier et Michelle Langot.
Comme l’on pouvait s’y attendre, Magnard a été célébré, au disque, parmi d’autres compositeurs dont le sort fut lié à la Grande Guerre. Il y eut ainsi une anthologie intitulée « Les musiciens dans la tourmente », dans laquelle le Quatuor Scaldis a enregistré le mouvement lent (« Sérénade ») du Quatuor à cordes, en 1999.
À l’opposé, du point de vue de la place de Magnard sur un disque, le premier enregistrement de musique de chambre exclusivement consacré à Magnard (hors l’intégrale Accord bien entendu) est paru en 1997, avec le Trio et la Sonate pour violoncelle et piano, joués par Hüseyin Sermet, Régis Pasquier et Xavier Phillips. Par la suite, il restera très rare que des enregistrements de musique de chambre de Magnard ne soient pas couplés avec d’autres compositeurs.
Le XXIe siècle
En-dehors du justement célèbre enregistrement du Quatuor par le Quatuor Ysaÿe en 2004,
ce début de XXIe siècle est marqué par de nombreux enregistrements des deux Sonates.
La Sonate pour violoncelle et piano, par quatre fois :
Mats Lidström et Bengt Forsberg en 2000,
Eric-Maria Couturier et Laurent Wagschal en 2001,
Alain Meunier et Philippe Guilhon-Herbert en 2011 (avec toute la musique pour piano),
et Valentin Rudutiu et Per Rundberg en 2012.
Et puis la Sonate pour violon et piano, par six fois :
Takeshi Kobayashi et Ichiro Nodaira, au tout début des années 2000,
Andrew Hardy et Uriel Tsachor en 2005 (dans un coffret de huit sonates dédiées à Eugène Ysaÿe),
Irina Muresanu et Dana Ciocarlie en 2005,
Geneviève Laurenceau et Oliver Triendl en 2012 (avec Maximilien Hornung pour le Trio),
Gérard Poulet et Jean-Claude Vanden Eynden en 2013,
et Judith Ingolfsson et Vladimir Stoupel en 2015 (page dédiée ici).
Et, surtout, une seconde intégrale a été réalisée par le label Timpani (mais, alors que chez Accord il y avait également toute la musique pour piano, avec ou sans voix, ici il n’y a que la seule musique de chambre) en 2014, avec Laurent Wagschal, Solenne Païdassi, Camille Thomas, le Quatuor Elysée et l’Ensemble Initium. À signaler un CD consacré à une interview d’Harry Halbreich, éminent spécialiste de Magnard hélas décédé depuis, sur cette musique de chambre.
Le temps des interprètes renommés
Une période avec des musiciens qui ont déjà largement fait leurs preuves s’ouvre alors.
D’abord avec un retour aux « grandes » formations de musique de chambre, avec deux prestigieux enregistrement : en 2017, le Quintette avec Eric Le Sage au piano, et Les vents Français (Emmanuel Pahud, flûte – François Leleux, hautbois – Paul Meyer, clarinette – Gilbert Audin, basson), dans le cadre d’un double CD intitulé « Moderniste » (avec des œuvres de Milhaud, Jolivet, Hersant, Nielsen et Eschaich),
et en 2019, le Quatuor par le Quatuor Béla.
Puis avec, en 2021, le deuxième enregistrement par Alain Meunier de la Sonate pour violoncelle et piano, cette fois en compagnie d’Anne Le Bozec.