en ut dièse mineur. Opus 21.
Composition : janvier 1912 – avril 1913.
Création : le 2 avril 1914, à Paris, salle de l’ancien Conservatoire, par l’orchestre féminin de l’UPFC. Direction A. Magnard.
Dédicace : « A l’Union des femmes professeurs et compositeurs de musique. »
Édition :
- Réduction pour piano à 4 mains faite par Gustave Samazeuilh chez Rouart, Lerolle & Cie, 1918.
- Partition d’orchestre chez Rouart, Lerolle & Cie, 1921.
Présentation :
- Modéré
- Vif
- Sans lenteur et nuancé
- Animé
Dix ans après sa Troisième Symphonie, pendant lesquels il travaille notamment à ses deux grands deux opéras, Guercœur et Bérénice, Magnard compose sa Quatrième Symphonie. Ardent féministe, mettant une fois de plus en pratique ses convictions, il en assure la création en dirigeant l’Orchestre de l’Union des femmes professeurs et compositeurs, le 2 avril 1914. L’exécution fut semble-t-il assez médiocre, heureusement suivie par une reprise réussie, quelques semaines plus tard à la Société nationale de musique, sous la direction de Rhené-Bâton.
Cette symphonie lumineuse aura coûté à Magnard presque trois années de travail dans la douleur : « L’optimisme de la Quatrième Symphonie est répugnant, car aucune œuvre ne m’a donné autant de mal et n’a été conçue dans un marasme plus complet. » Il faut dire aussi que, fait exceptionnel, elle a été rédigée directement en partition d’orchestre, sans esquisse au piano. Mais la difficulté du procédé a contribué à produire ce chef-d’œuvre d’une modernité étonnante, souvent comparé au premier Schoenberg.
D’entrée, nous sommes happés par une fulgurante fusée des bois, qui amène une phrase aux cordes d’une ardeur puissante. Puis c’est le thème, clair, âpre et rythmé, qui parcourra toute la symphonie. Après cette introduction notée Modéré, place à l’Allegro. Il est construit autour de deux thèmes contrastés : l’un viril et conquérant, aux cors, l’autre lyrique et généreux, aux violons. Entre les deux, un inoubliable motif de trompette.
Le scherzo est un Vif, avec un thème principal essentiellement rythmique, et une partie centrale dans un style villageois.
S’enchaîne alors le mouvement lent, un splendide Sans lenteur et nuancé. Avec ses immenses phrases, poignantes et sereines à la fois, il est d’une ampleur rare dans la musique française symphonique de l’époque.
Le début du Final présente des analogies avec le premier mouvement : la fusée spectaculaire, et les caractères des deux thèmes : rythmique et bondissant pour le premier, ample et chantant, presque à la manière d’un choral, pour le deuxième. Entre les deux, le pont, cette fois, est d’allure populaire. Le développement consiste principalement en une fugue magistrale. À la fin, nous retrouvons le choral du deuxième thème. Ce mouvement, ainsi que les trois précédents, se termine, apaisé, dans une nuance piano, ce qui est inhabituel chez Magnard.
Assurément, cette symphonie, dernière œuvre de sa production qui nous soit parvenue, ouvrait une nouvelle étape. Nous ne saurons hélas jamais quels autres chefs-d’œuvre Magnard aurait pu nous donner.
Pour écouter :
- Enregistrement par l’Orchestre Philharmonique de la Radio d’Hilversum dirigé par Jean Fournet. Il nous a été fourni par Michel Tibbaut, qui l’avait copié sur une cassette audio d’une radio portative, à l’époque de sa diffusion par la Radio d’Hilversum (Pays-Bas) dans les années 1960, et l’a depuis numérisé. La qualité sonore n’est donc pas à la hauteur de cet enregistrement d’une grande valeur historique, qui mériterait à coup sûr une réédition en CD. Que Michel Tibbaut soit ici chaleureusement remercié.