Tragédie en musique en trois actes (livret A. Magnard). Opus 12.
Composition :
- Livret : fin 1893 – juin 1894.
- Musique : janvier (?) 1897 – février 1901.
Création :
- Premières exécutions en concert :
– Acte III : le 23 février 1908, à Nancy, salle Poirel, par l’Orchestre et les Chœurs du Conservatoire dirigés par Guy Ropartz, avec Louis Froelich de la Cruz (Guercœur), Charlotte Mellot-Joubert (Vérité), Anna Villa (Bonté), Marthe René (Beauté), Alice Brégeat (Souffrance).
– Acte I : 18 décembre 1910, à Paris, Théâtre du Châtelet, par l’Orchestre des Concerts Colonne dirigé par Gabriel Pierné (chef des chœurs Pierre Monteux), avec Charles W. Clarck (Guercœur), Eva Grippon (Vérité), Melle Lormont (Bonté), Catherine Mastio (Beauté), Melle Vilmer (Souffrance), Maquaire (l’Ombre d’un Poète).
- Première représentation : 24 avril 1931 au Théâtre de l’Opéra de Paris, sous la direction de François Ruhlmann, mise en scène par Pierre Chéreau, avec Arthur Endrèze (Guercœur), Marisa Ferrer (Giselle), Victor Fortri (Heurtal), Yvonne Gall (Vérité), Germaine Hoerner (Bonté), Milly Morère (Beauté), Ketty Lapeyrette (Souffrance), Jeanne Manceau (l’Ombre d’une Femme), Jeanne Laval (l’Ombre d’une Vierge), Raoul Jobin (l’Ombre d’un Poète).
Dédicace de Guercoeur : « A la mémoire de mon père ».
Édition :
- Du livret : par l’auteur, automne 1901.
- De la partition chant et piano : par l’auteur, printemps 1904.
Présentation :
Magnard composa Guercœur entre 1897 et 1901, mais ne le vit jamais sur scène. Le 23 février 1908, Ropartz dirigea l’acte III au conservatoire de Nancy. Le 18 décembre 1910, Pierné dévoila l’acte I aux Concerts Colonne. Le manuscrit de cette « tragédie en musique » disparut dans l’incendie du manoir de Baron pendant lequel Magnard trouva la mort. Une copie du conducteur de l’acte II avait été conservée à Paris et c’est le fidèle Ropartz qui reconstitua de mémoire l’orchestration des autres actes, d’après la réduction chant-piano publiée en 1904. Guercœur put ainsi être présenté à l’Opéra de Paris le 24 avril 1931, avec Arthur Endrèze dans le rôle-titre, Marisa Ferrer (Gisèle) et Victor Forti (Heurtal), sous la baguette de François Ruhlmann, déjà créateur de Bérénice en 1911. Le discours saturé de leitmotivs, l’utilisation symbolique des tonalités (bémolisées pour le monde céleste, diésées pour le monde terrestre), le chromatisme du langage et certaines situations théâtrales évoquent Tannhäuser, Lohengrin et Parsifal. Mais, contrairement à Wagner, Magnard neutralise la possibilité de mouvements scéniques et conçoit en grande partie son drame comme une méditation métaphysique. Seul l’acte central comporte de véritables conflits (et une dimension sociale, avec les revendications du peuple affamé), tandis que les volets extrêmes, dans le séjour céleste des morts, affirment la prééminence de l’allégorie et de l’abstraction (la fréquence des interludes symphoniques va dans ce sens). On comprend Gaston Carraud, premier biographe de Magnard, lorsqu’il définissait Guercœur comme « un immense lied, dont la partie centrale – le deuxième acte – serait en forme sonate ».
[ source : Bru Zane Mediabase ]
Pour écouter :
- Lien Youtube : Enregistrement pour EMI de la production dirigée par Michel Plasson en 1986 (avec la partition qui défile)
La production d’Osnabrück en 2019 :
Vous en trouverez ici notre compte rendu.
Cette production a été nommée « Redécouverte de l’année » 2019 par le prestigieux magazine Opernwelt, ce qui a poussé l’opéra d’Osnabrück à programmer plusieurs nouvelles représentations en mai 2021.