pour orchestre (en si mineur). Opus 14.
Composition : septembre 1901 – mars 1902.
Création : le 4 janvier 1903, à Nancy, salle Poirel. Direction Guy Ropartz.
Dédicace : Emile Gallé.
Édition :
- réduction pour piano : par l’auteur, 1903.
- partition d’orchestre : par l’auteur, 1904.
Présentation :
Le militantisme de Magnard en faveur de Dreyfus est bien connu. La lettre qu’il écrivit à Zola, au lendemain de son célèbre J’accuse de 1898, vaut d’être citée en entier : « Bravo Monsieur, vous êtes un crâne ! En vous, l’homme vaut l’artiste. Votre courage est une consolation pour les esprits indépendants. Il y a donc encore des Français qui préfèrent la justice à leur tranquillité, qui ne tremblent pas à l’idée d’une guerre étrangère, qui ne se sont pas aplatis devant ce sinistre hibou de Drumont et ce vieux polichinelle de Rochefort. Marchez, vous n’êtes pas seul. On se fera tuer au besoin. » Au-delà de ses qualités percussives, cette lettre est précieuse par sa fin prémonitoire, et parce qu’elle nous montre à quel point Magnard avait une haute idée de la justice. Au point, donc, de lui consacrer cet Hymne à la Justice (1902) assez unique dans l’histoire de la musique. Pour autant, il n’a pas été écrit en pleine Affaire ; Magnard a pu prendre de la hauteur par rapport à l’actualité, et nous offrir un vrai manifeste qui honore un principe moral, au-delà de la défense d’un homme.
Voici comme Gaston Carraud, ami et premier biographe de Magnard, voyait ce chef-d’œuvre, qui eut l’honneur d’être, le 28 septembre 1944, la première œuvre musicale entendue à Paris après la Libération : « Nous entendons, dans la première idée, se succéder l’oppression de l’injustice et l’appel douloureux à la justice. Brutalement terrassée, la victime lève les yeux vers l’idéal inaccessible. Avec une plainte qui réveille la persécution, elle voit s’évanouir la douce lueur ; mais au même moment que la violence impose son retour le plus insolent, le triomphe de la justice éclate, foudroyant, en apothéose. »
Pour écouter :
- Lien Youtube : Concert par l’Orchestre Symphonique de Cincinnati dirigé par Louis Langrée